Sélectionner une page

Contactés depuis + d’un an par David Oldani, pilote de ligne et démonstrateur de son magnifique Yak 52, c’est avec plaisir que nous nous sommes préparés à participer au « Jubilée » des 50 ans de Fricktal-Schupfart, une jolie petite plateforme dans l’Aargau, Suisse, à 2 pas de la frontière Allemande, marquée par le Rhin.

Partis dès le Vendredi midi d’Annecy par grand beau temps, il a fallu rentrer la tête dans les épaules pour passer les derniers contreforts du Jura, avant d’arriver par un temps de Novembre, sur LSZI.

Seuls les Suisses pouvaient imaginer créer un terrain d’aviation sur 500 mètres de long dans un tel environnement: de la pente, un peu… (sympa à l’atterrissage, moins amusant lorsqu’on décolle en montant), une imposante et très proche ligne à haute tension au Nord, des villages proches alentour, mais une piste en parfait état, une manche à air bien visible, des organisateurs affutés, un restaurant typique Suisse avec accueil amical et professionnel à la fois, bref tout ce qu’il faut pour que tout se passe « tip-top ».

A notre arrivée, sous le regard de l’un des 2 « Nikki » (Nikki Moos avec qui nous avions eu l’occasion d’échanger par mails, & Nikki Moor), tout se mettait donc déjà bien en place « à la Suisse »: des volontaires partout au sol, une coordination radio en l’air grâce à Skyguide représenté par Esther Rimensberger, membre de l’Equipe Suisse de Pilotage de Précision et Jörg Thurnheer, de l’OFAC, dont l’efficacité, le sérieux et l’ouverture d’esprit (oui, tout cela est compatible!) pourraient servir de modèle à plus d’un…

Photo A. Shaw

Le ciel ayant eu l’amabilité de s’entre-déchirer en début d’après-midi, la Patrouille Suisse a pu faire une reconnaissance de démo « basse altitude », suivie de quelques autres vols de practice dont celui de CAPTENS. Nous en avons profité pour prendre quelques repères au milieu de tous ces champs verdoyants, avec au Nord, la Forêt-Noire et le Rhin qui, comme dans la « Lorelei » de Heine, coule tranquillement, mais dans un environnement moins poétique, puisque c’est à proximité, en direction Bâle, que Novartis et consorts concoctent, avec la bénédiction de Big Pharma, de quoi nous faire avaler bon nombre de couleuvres, mais ceci une autre histoire.
Ce fut l’occasion de retrouver avec plaisir Nils Hagander, ex-pilote dans l’Equipe Suisse de Voltige, volant sur le Pitts de Christian Schweizer, de rencontrer avec émotion Markus Ruesch dont le père, Albert, m’avait fait faire mon baptême voltige à Porrentruy, début 1970. Mais aussi Andrea et Lars Lehmann, l’Equipe de l’AMPA Lausanne, les copains de Biel-Kappelen, Dominic Andres, Daniel Koblet et nos amis Jol et RB Junior, arrivés des Pays-Bas après 8 heures de route.

Photo A. Shaw

Photo A. Shaw
Quelques « Apfelsaft » et salades de saucisse + tard, tous les pilotes furent conduits aux hôtels par une navette arrivant et repartant aux horaires prévus. Normal, mais tellement rare de nos jours! A l’annonce du résultat des footeux et à l’initiative de Paul Ruppeiner, pilote du Hunter, et Isidor von Arx, tout le minibus s’est mis à chanter la Marseillaise … avec bcp d’humour et de gentillesse mais probablement un sérieux recul quand on pense au rapport compétence / risque / rentabilité entre des pilotes de démonstration et des gars venus de tous pays pour taper dans un ballon rond aux couleurs de la France.

Une France qui, d’ailleurs, ne se reconnaît plus qu’au travers des matches de foot et autres « circenses », ces jeux de cirque qui, depuis le temps des Romains, permettent aux dirigeants de mobiliser les braves gens dans une cause commune pour mieux les manipuler ensuite, voire « en même temps », puisque c’est précisément quelques heures + tard qu’allait entrer en vigueur la limitation de vitesse à 80km/h. Alors que, dans la plus parfaite quiétude, s’organisait également l’évasion, dès le lendemain, d’un criminel de la pire espèce qui, sous les yeux médusés de fonctionnaires n’ayant « pas le droit de tirer sur un aéronef », allait s’envoler en hélicoptère d’un centre « hautement surveillé »! Mais tout va bien: le gouvernement condamne sévèrement cette dernière évasion, les conducteurs deviennent moins dangereux puisqu’il ralentissent, les footballeurs Français (qui ne connaissent d’ailleurs pas tous la Marseillaise…) sont en 64ème de finale (ou peut-être 8ème, who cares?), et les journalistes s’extasient devant tous ces francs succès.
Samedi matin, briefing dans la « Theorieraum » de l’Aéro-Club, clôturé par la météo commentée par David Oldani, une brillante initiative de l’OFAC permettant aux pilotes-démonstrateurs d’être briefés par l’un des leurs, histoire d’humaniser et personnaliser l’incontournable aspect administratif de la chose… une météo qui s’annonçait chaude mais, de cela, on se doutait bien un peu.

Certains élèves sont + studieux que d’autres!

Photo A. Shaw

Nous avons volé à 11:20, après une patrouille de Pilatus et avant une magnifique démo d’un Bücker Jungmeister.

Un vol commencé relativement haut pour nous – altitude-densité oblige sur ce terrain situé à 1.788 ft, par température élevée – dans des conditions un peu « bumpy » mais bien gérables. Le bon côté de voler si tôt dans le planning, c’est qu’ensuite, on est complètement libres pour regarder les autres avions, flâner sans regarder la montre et la manche-à-air toutes les 10 minutes, tout en se préparant pour l’interview prévue de longue date avec les photographes de « Dutch Flightline », à qui l’on doit déjà de superbes clichés pris à Degerfeld l’année passée.
 Et voici le lien: https://youtu.be/gsVb_Mam7_4
Le repas du soir, offert par « Total Aviation », l’un des importants sponsors de la manifestation, fut délicieux et très amical, dans le jardin du Platanenhof, notre hôtel. Ce moment agréablement festif permettait également de voir ou revoir les pilotes des avions qui ne pouvaient pas se poser sur place, comme par exemple le pilote du Hunter, ceux des Pilatus, et les copains des Reva.

Séquence coups de chapeau:

–  Andrea et Lars Lehmann pour le côté hyper-technique et poétique de leur vol
–  Les 2 pilotes du Team Schärer (et leur remorqueur) des grands modèles « Planeurs Blanik » pour leur vol parfaitement synchro
Photo A. Shaw
–  Daniel Koblet pour avoir décidé de poser (donc de re-décoller…) le Morane D-3801
 Photo A. Shaw
–  « Eclatement » des Dewoitine:
–  Patrouille Suisse, toujours au top, qui a dû éviter un planeur « fourvoyé » dans les airs
–  Nils Hagander pour son vol en Pitts (l’ancien de Christian Schweizer) commenté depuis le cockpit
–  Markus Rüesch pour le vol en Votec et ses rotations à droite: « Ah bon, je tourne à droite? » clin d’oeil…
Photo A. Shaw
–  Isidor von Arx pour son excellent maîtrise de l’Extra, en Aresti ou Free Style, un vol commenté par Peter Huber, qui fut chef-juge lors de World Aerobatic Championships
–  Matthias Glutz pour pour une remarquable démo en Bücker Jungmeister
et, last but not least:
–  David Oldani, le local de l’étape, omniprésent, souriant au sol et très précis en l’air aux commandes de son Yak 52
Je ne connais pas le nom du commentateur qui a eu, lui aussi, un rôle important lors de cette grande Fête…  ne jamais oublier que, sans eux, les meetings aériens perdraient une grande partie de leur intérêt et de leur impact auprès du grand public.

Les collines de l’Aargau retentiront pendant longtemps encore des vibrations des moteurs de la magnifique « Classic Formation », des sifflements des planeurs et des « Hourrah » des spectateurs venus très nombreux sur ces 2 journées.

Dimanche, « same players shoot again », sauf la « Patrouille Suisse ». Nous volions en début d’après-midi, avec retour prévu le soir par grand beau temps.
Même voyage à l’envers, survol des plateaux Suisses entre Berne et Lausanne, à droite les Lacs (Neuchâtel, Bienne, Morat) irisés par un soleil déjà + bas sur l’horizon, puis travers Vevey, brève traversée du Léman sous le contrôle de Genève-Info, et arrivée à Annecy. Fatigués mais contents, nous avons nettoyé et hangaré les avions prêts pour de nouvelles aventures: Grenoble/Le Versoud, départ Vendredi prochain pour voler Samedi 7, Perpignan ensuite, etc.